Dominique Chancé, qui a publié en 2005
une Histoire des littératures antillaises (chez Ellipses), et Ricardo
Sumalavia, écrivain péruvien résidant à Bordeaux, présentent leurs coups de
cœur sur la littérature cubaine classique et contemporaine…
Les lecteurs de BIBLIO proposent leurs
comptes rendus de lecture sur Nicolas Guillen, Alejo Carpentier, Leonardo
Padura, Reinaldo Arenas, Carlos Victoria, Guillermo Rosales, Abel Prieto, Roberto
Luque Escalona, Zoé Valdès, Karla Suarez, Pedro Juan Gutierrez, des livres de
cuisine, de musique…
« Galerie de mots et
d’images »
Olivier Pichard, talentueux
illustrateur de l’association BIBLIO, présente la deuxième partie de L’invasion
moléculaire, une BD apocalyptique très percutante…
« Lectures et palabres »
Compte rendu de notre entretien avec
le traducteur hispanophone Robert Amutio.
Première partie du compte rendu de nos
entretiens avec l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop (à suivre dans le n°27).
L’écrivain touareg du Niger Issouf ag Maha était l’invité de l’association BIBLIO les 14 et 15 mai 2008, en partenariat avec le salon de thé/librairie « Les Mots Bleus » et le Service Culturel de l’université Bordeaux 3. Trente-cinq personnes environ ont assisté à ces entretiens.
Né vers le début des années 1960 au Niger, Issouf ag Maha fait partie de la génération qui a connu les coups d’Etat, la scolarisation, la rébellion et de terribles sécheresses. Il fut éleveur de chameaux dans le désert puis devint expert en agronomie en faisant des études. Alors qu’il est maire de la commune de Tchirozérine, il s’engage dans la rébellion touareg qui éclate au Niger en février 2007, devenant l’un de ses porte-parole en Europe, notamment pour protester contre l’exploitation sans vergogne du sol nigérien par les multinationales étrangères et contre le laisser-faire du gouvernement nigérien. Issouf ag Maha est actuellement réfugié politique en France.
En mars 2006, il publie Touareg du XXI° siècle (aux éditions Grandvaux). Ce texte passionnant se présente sous la forme d’un récit autobiographique embrassant aussi bien les épisodes singuliers de la vie de l’auteur que les évènements généraux survenus au Niger.
Julien Verger : « Quel fut le point de départ de ce livre ? »
Issouf ag Maha : « Je viens d’une famille d’éleveurs touaregs du Nord-Niger, et j’ai eu l’opportunité d’aller à l’école ou plutôt, comme je préfère le dire, d’être «donné» à l’école. A l’époque, ce n’était pas évident, même si un décret, après les indépendances, rendait l’école obligatoire. Les Etats africains avaient alors besoin de former des gens pour remplacer les cadres de l’administration coloniale. On demandait aux responsables des communautés de fournir chaque année un certain nombre d’enfants, et ces responsables transmettaient la demande à chaque campement nomade. C’est dans ces conditions que des enfants touaregs purent aller à l’école, et c’est pourquoi l’on parle de «sacrifice» à leur sujet. Qui envoyer ? C’était souvent l’enfant en âge d’aller à l’école, mais cela ne correspondait pas toujours au désir de l’enfant. L’école était obligatoire jusqu’en CM2. A la fin de l’école primaire, je suis retourné au campement où j’ai repris mon activité traditionnelle d’éleveur de chameaux, pendant quatre ans, jusqu’à la grande sécheresse de 1983, qui a décimé la totalité de notre cheptel, ce qui m’a amené à reprendre mes études. De nombreux groupes ont dû s’établir dans des bidonvilles sans pouvoir remonter la pente, et leurs enfants allaient certes à l’école, mais en ayant perdu tout contact avec leur milieu naturel et leur culture. C’est en pensant à ces enfants que j’ai pris conscience d’être l’un des rares à avoir mené une vie de nomade et fait des études supérieures. C’est une chance, et je me dois de la partager. Dans un premier temps, je voulais faire des petites brochures sur l’élevage du dromadaire, domaine que je maîtrise le plus : la vie au campement, l’élevage de l’animal. Dans cette perspective, j’ai rencontré un éditeur qui m’a conseillé d’écrire un récit en trouvant un fil conducteur et en élargissant mon propos à la culture touareg dans son ensemble. C’est ainsi que je suis devenu ce fil conducteur, racontant depuis mon premier jour à l’école comment j’avais vécu la scolarisation, les sécheresses, les coups d’état... »
Voici deux comptes rendus de lecture écrits par des rédacteurs de BIBLIO.
Julien Verger : « Le livre, passionnant, était initialement conçu comme un manuel sur l’élevage des chameaux, à l’attention des jeunes Touaregs, d’où l’irruption fréquente, dans le récit, de passages descriptifs ou didactiques sur la vie quotidienne d’un chamelier, mais aussi sur les rites et coutumes ou sur la poésie en tamasheq. L’écrivain alerte encore le lecteur sur les menaces qui pèsent sur sa communauté, en raison des convoitises suscitées par les gisements d’uranium présents dans le sous-sol du Niger. Cri du coeur, signal d’alarme, un texte à dévorer d’urgence... »
Aubin Gonzalez : « Dans cette autobiographie, Issouf ag Maha ne laisse pas de place à l’implicite. Le récit de vie qu’il propose est avant tout un itinéraire qui se lit et se regarde au travers des photographies de Catherine et Bernard Desjeux, autres témoins de l’étouffement du nomadisme, itinéraire motivé par cet étouffement même, cette asphyxie que les Etats-nations veulent provoquer chez des peuples dont la force et l’existence dépendent de la terre. Terre aride, certes, mais l’auteur veut aussi effacer les préjugés qui circulent sur son compte et sur celui des hommes qui l’habitent, et attirer l’attention sur l’action néfaste des entreprises, comme Areva, qui opèrent dans la zone. Qui pourrait croire que l’énergie propre, vendue aux millions de foyer français, soit le sale fruit de l’extraction massive d’uranium ! L’attitude néocolonialiste des pays étrangers justifie par là le combat d’Issouf ag Maha et l’insurrection en février 2007 de son groupe, le Mouvement Nigérien pour la Justice (MNJ), qui tente en toute légitimité de sauvegarder les valeurs et les terres qui lui sont propres ! Contestataire, Issouf ag Maha ne l’est pas seulement. Au final, plusieurs perspectives émergeant de ce livre semblent porteuses d’espoir, comme les prémices d’une «Révolution sahélienne». L’expérience de l’écotourisme que l’auteur a tentée est bien plus qu’une démarche de survie : elle incarne l’expression d’une conviction, la croyance dans le progrès social et dans l’Homme, contre l’avancée des déserts. »
Pour plus d’informations, consultez la page des éditions Grandvaux sur Touareg du XXI° siècle
Retrouvez l’intégralité de ces entretiens dans les n°28 et n°29 du magazine BIBLIO…
Le premier hors-série de BIBLIO sur la
«Littérature de l’esclavage» est paru le 2 mai 2008. Ce travail a été réalisé à
l’occasion du 160ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Dominique Chancé, qui a publié en 2005
une Histoire des littératures antillaises (chez Ellipses), discute en
notre compagnie des textes connus ou méconnus qui évoquent la question de
l’esclavage, le traitement littéraire de ce sujet…
Les lecteurs de BIBLIO proposent leurs
comptes rendus de lecture sur l’abbé Grégoire, Madame de Duras, Alejo
Carpentier, Aimé Césaire, Bernard Simiot, Tony Delsham, Eric Saugera, Patrick
Chamoiseau, Raphaël Confiant, Giosuè Calaciura, Nathacha Appanah, Edouard
Glissant, Jean-Yves Loude…