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Rendons ici hommage au superbe travail de deux cinéastes bordelais qui viennent de réaliser Tamani, film tourné au Burkina Faso - et non pas film sur le Burkina Faso, nuance de taille – dont le site web vient d'être lancé.
Tamani - film tourné au Burkina Faso - 2008 - 1h01
Réalisateurs : Nicolas Guibert et Sébastien Gouverneur
Nicolas Guibert a suivi une formation de journaliste reporter d’images et a effectué de nombreux reportages pour les télévisions locales de Gironde avant de se lancer dans la réalisation de documentaires. Il travaille au cinéma d’art et d’essai Utopia, à Bordeaux, en tant que projectionniste. Sébastien Gouverneur est l’ancien programmateur du cinéma d’art et d’essai Jean-Vigo, qui vient malheureusement de fermer ses portes début 2009. Ensemble, accompagnés de Batiste Combret, ils avaient réalisé un premier documentaire en 2007, Trou de mémoire, sur le passé négrier de la ville de Bordeaux. Tamani est leur second moyen métrage.
Ce magnifique documentaire entreprend de lutter «contre les clichés sur l’Afrique». Le principe narratif du film est simple : montrer une journée au Burkina Faso. Les réalisateurs ont passé trois semaines sur place, en 2008, au cours desquelles ils accumulèrent prises de vue et tournages, dans différentes régions du pays. Le film présente ainsi plusieurs scènes, du matin au soir, selon un principe kaléidoscopique. On passe d’un lieu à un autre, de la ville à la campagne, de la brousse au fleuve, au gré des déplacements des deux cinéastes. La caméra s’arrête sur le travail d’un ouvrier burkinabé tordant des barres de fer sous le rude soleil de Ouagadougou, sur l’enthousiasme d’un groupe d’enfants occupés à regarder un film américain dans une salle de cinéma ou sur l’étrange chorégraphie des boxeurs, le soir, au cours d’un entraînement. Le film prend très souvent un tour poétique, d’autant plus qu’il est porté par une musique originale et envoûtante, combinant motifs traditionnels africains et rythmes de la musique acoustique contemporaine.
Revendiquant l’influence de cinéastes comme Louis Malle (notamment dans Calcutta en 1969), les réalisateurs s’effacent complètement derrière leur sujet. Aucune voix off, aucun commentaire, le but ici n’est pas de tenir un discours sur l’Afrique, mais de s’immerger, sans fard et sans risque de maladresse ethnographique, dans le quotidien des Burkinabé.
Voici un film qui suscite l’enthousiasme, à ne pas manquer !